Mon intervention au Conseil national du PCF du 13 mars 2021 sur les élections présidentielle et législatives de 2021.
Notre travail c’est d’analyser si les conditions politiques sont réunies pour une candidature issue du parti communiste ou s’il faut faire autre chose.
Les conditions politiques, c’est d’abord la gravité de la situation historique dans laquelle nous nous trouvons. Elle est source de grandes préoccupations et d’importants débats pour les communistes, mais aussi dans la gauche et le pays en entier.
Ils expriment leur grande préoccupation sur la montée de l’extrême-droite qui confirme sa capacité à se qualifier pour le second tour, et qui semble même, et pour la première fois, être en mesure d’installer en France un régime raciste et autoritaire. Au delà des scores, c’est le poison même de ses idées qui se diffuse, et pas seulement à droite. Cette course à l’échalote place l’extrême-droite en situation de capitaliser sur l’immense colère que génère les politiques libérales.
La préoccupation des camarades est également grande, sur le fait que les nombreux mouvements qui ont émergés ces dernières années, et qui appelleraient une convergence, restent orphelins d’un débouché politique : les gilets jaunes, les luttes sur les retraites, les marches pour le climat, pour la défense de l’hôpital et des services publics, les mobilisations massives contre les discriminations, ou, en pleine pandémie, celle pour rejeter la loi sur la sécurité globale et défendre nos libertés. Elles expriment un fort rejet du système, et une aspiration à faire du neuf. Mais que leur disons-nous ? Que mettons-nous en œuvre pour que le nouveau émerge, pour que ces luttes s’agrègent, quelle initiative de grande ampleur prenons-nous pour qu’elles puissent se fédérer ? Nous ne pouvons pas, comme d’autres d’ailleurs, donner le sentiment que nous continuons comme si de rien n’était, préparant notre petite cuisine pour la présidentielle.
Devons nous faire comme les autres, c’est bien l’une des préoccupations exprimées par beaucoup de communistes devant l’attitude des forces de gauche et de l’écologie face à l’échéance de l’élection présidentielle. Chacune, en décidant de présenter un candidat à l’élection présidentielle, exprime en réalité sa résignation à ne pas accéder au second tour. Et bien-sûr, le fait que les communistes puissent participer, eux-mêmes, à cette course qui ne vise à qu’à modifier les rapports de force à gauche sans changer la donne, est également source de trouble pour les communistes dont l’ADN est d’unir inlassablement ceux qui ont intérêt au changement, quant celui du capital est de les diviser.
Il y a du trouble aussi car, si tous les camarades pensent à juste titre que les élections présidentielle et législatives sont liées, ils voient mal comment la division dans la première pourrait permettre le rassemblement dans la seconde, rassemblement dont nous savons tous qu’il sera décisif pour permettre l’élection d’un maximum de députés communistes.
Du trouble alors que la division est présentée comme inexorable à la présidentielle, les communistes constatent qu’elle ne l’est pas pour d’autres échéances, comme nous l’avons vu aux municipales, et comme nous le voyons aux départementales et aux régionales, avec même des situations ou l’arc politique le plus large a pu finalement être atteint, permettant enfin d’envisager sérieusement des victoires.
Pour le dire en un mot, il y a du trouble quand nous disons « rassembler » alors que manifestement nous nous préparons, comme les autres, à diviser.
Pour sortir de ce trouble, il y a besoin d’une initiative de grande ampleur, historique, du même type que celle du Front Populaire, nourris des idées communistes. C’est l’hypothèse concrète qu’exprime l’option alternative dans le texte, alors que le choix stratégique du texte issue de la commission renforce lui, point par point, les troubles que je viens d’exprimer.
Parce que comme l’a dit Christian Piquet, le débat est très sérieux et complexe, il est indispensable que soient soumis aux communistes deux options claires pour qu’ils puissent, en conscience, faire leur choix pour ces échéances. C’est pourquoi, il me semble indispensable que le texte adopté aujourd’hui ne privilégie pas un scénario mais pose à égalité les deux chemins qui sont exprimés par les communistes.