Hier, en votant la motion de censure déposée par la Nupes, le Rassemblement national s’est donné les moyens de faire progresser trois de ces principaux objectifs politiques.
Premièrement, il s’est donné l’opportunité par la transgression qui consiste à voter la motion de l’adversaire, d’apparaître comme étant l’opposant le plus résolu à Macron, prêt à tout pour le faire tomber.
Deuxièmement, en mêlant ses voix à celles de la gauche, il pose une nouvelle pierre sur le chemin de sa normalisation, et il contribue à nourrir le trouble organisé de la géographie politique française, trouble nourri hardiment par la macronie lorsqu’elle met en scène par exemple, son combat contre « les extrêmes ».
Enfin troisièmement, il se donne la chance d’alimenter les habituelles logiques de division de son principal adversaire, la Nupes, qui n’allaient pas manquer de résulter de cet enchaînement.
Nous ne pouvons pas empêcher le RN de jouer avec habileté sa partition. En revanche, la Nupes peut, dans ces trois domaines (opposition à Macron, banalisation du RN et division de la Nupes), lui interdire d’atteindre ses objectifs. Nous l’avons réussi hier sur le premier point grâce au travail des parlementaires de la Nupes, notamment la très bonne intervention d’André Chassaigne.
Mais au lieu d’éviter les deux autres écueils, nous avons navigué vers eux toutes voiles dehors. En premier lieu avec d’inquiétantes déclarations qui, même si on désire leur faire le crédit qu’elles entendaient affirmer la Nupes comme principale force d’opposition, entretiennent le trouble au coeur du paysage politique, et pourraient laisser entendre que nous serions candidats à être les leaders d’une détestable coalition à venir. Marine Le Pen n’en demandait pas tant. Il y a là un sérieux débat politique qui doit être discuté entre les forces de la Nupes, et qui appelle d’ailleurs à ce que les espaces d’échange puissent vivre régulièrement, en particulier le Parlement de la Nupes. Pour ce qui me concerne, seule l’absolue clarté sur une impossible coalescence doit être notre boussole. C’est aussi une des conditions pour continuer à être, en particulier au Parlement par le dépôt de motions de censure lorsque la politique gouvernementale l’exigera, dans notre rôle de premier opposant et porteur d’alternative.
Enfin, pour faire bonne mesure, et donner un dernier point inespéré à l’engeance néofasciste, d’autres se sont avidement saisis de ces déclarations, pour s’en émouvoir au grand jour des réseaux sociaux, et acter d’insondables divisions, les mêmes qui justifièrent hier la désunion à la présidentielle, désunion qui conduisit au résultat que nous connaissons, confiant à l’extrême-droite une place si considérable au Parlement et dans la vie politique française.
Il faut se ressaisir, et au contraire persévérer sur le chemin qui nous a été indiqué par les électrices et électeurs, celui de l’opposition résolue, dans la clarté et dans l’union. C’est seulement ainsi que nous contesterons efficacement au RN, la responsabilité d’être l’alternative politique crédible au macronisme.
Excellente analyse de la situation et du trouble créé par le positionnement opportuniste de l’extrême-droite. Oui, il nous faut rétablir toute la clarté..!
C’est encore un effet de la désorientation à l’oeuvre au sein de la societe et meme à gauche.Il y aura d’autres tentatives.soyons vigilants et dénonçons de suite toute ambiguité.
Marie claude Zoughebi.